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Benjamin Loyauté

Historien du Design - Commissaire d'expositions

Auteur, commissaire d'exposition, Professeur à l’Université d’Art et de Design de Genève. 

Nouvelle Inassouvie

Il y a chez Roxane Rodriguez, femme née en 1971, une insatiable et humble envie de savoir, dotée d’une curiosité de l’esprit digne des philosophes. Son intelligence l’a fait aller toujours plus loin, plus vite. Et pour satisfaire Fénelon, elle n’en manque pas d’en profiter. Rencontrer cette femme vive d’esprit et boulimique de travail, c’est se convaincre que l’agréable se trouve dans le voyage plus que dans l’arrivée. Dans la poursuite… une recherche de l’excellence qui va la mener à la biennale des Antiquaires en 2004, sacre des compétences et du goût. Elle en est alors la benjamine. Depuis l’ouverture, en 1997, de sa première galerie consacrée à la deuxième moitié du XIXème dans le quartier Drouot, elle n’eut de cesse de se nourrir des univers de Huysmans et d’Hugo mâtinés d’un Beaudelaire pour en sortir l’anatomie des décors qui ont fait de cette période, un véritable trésor littéraire. Paradis décoratifs bien réels que seuls les lettrés et les plus grands Architectes d’intérieurs sont capables de pénétrer comme on s’aventure dans les chants de Maldorore de Lautréamont. L’imaginaire est sa partition, l’histoire sa mélodie. Roxane a su rendre aux Expositions Universelles, au néo-antique de Charles Guillaume Dhiel, au néo-renaissance de Henri-Auguste Fourdinois et au japonisme d’Edouard Lièvre, l’aura que l'histoire de l’art n’avait su entretenir aux grés d'injustes dénis. Aujourd’hui, le premier acte de son voyage est accompli. Au moment où toutes les attentions portent sur le XIXème et sur l'audace qui la caractérise, elle écrit une autre scène dans son pèlerinage quasi spirituel. L’antiquaire, au sens noble du terme, a fait surtout place à l’artiste qui sommeille ou s’exprime depuis le début. Une « décoratrice » dit-on pour contenter l’usage de la fonction et sa définition. Mais elle est bel et bien une artiste, un metteur en scène captivant qui découvre après plusieurs années, un autre épanouissement, celui qu’elle avait déjà ressenti lors de son premier ouvrage décoratif en 2002. Ladurée de la rue Bonaparte. Hommage à l’indétrônable Madeleine Castaing qui offrait, en son temps et à l’endroit même, la redécouverte du style Biedermeir et du néo-classicisme libéré que les musées n’avaient pas encore su regarder. Idéal commun, similitude d’esprit et volonté du geste, Roxane Rodriguez a tous les symptômes de l’ancienne impératrice du goût. Elle foule son sillage d’un pas déterminé et cultivé. Aux désirs assouvis, elle préfère les impulsions de l’inassouvi, le besoin du renouveau qui fait fi de la mollesse et de l’oisiveté. Roxane continue son périple de vie, son roman après ses premiers ébats d’antiquaire. Elle a créée une agence rue de Seine au même numéro que son ancienne galerie ouverte en 2003. Discrète, elle y construit une nouvelle ère Ladurée empreinte de science Hacckelienne et de délicatesse royale, mais aussi une nouvelle ligne de mobilier dit «  de la connaissance ». Elle revient donc aujourd’hui en scène dans un habit qui lui correspond et qui lui donne l’aisance de la créativité. L'enseigne Ladurée qui a su déceler en elle un élan nouveau dès 2005, lui a demandé de poursuivre une collaboration qui porte les fruits de l’exigence et l’élégance à la Française. Roxane a le défaut de n’être jamais apaisée, mais un défaut qui est la marque des grands qui ont accoutumé l’histoire de leurs faits. Commettre et s’aventurer sont les signes de cette élégante contemporaine qui ne fige ni l’histoire, ni sa vie. Elle compose son univers, appose ses idées et éveille les désirs de tous ceux qui oseraient Joseph Beuys, Guillaume Dhiel, Tatiana Trouvé, Sauvrezy… Et cela sans jamais se compromettre au formatage niais d’un goût trop souvent visible sur le papier glacé….

Pierangelo Caramia

Architecte DPLG Architecte (diplômé par le gouvernement) de l’Université de Florence, Italie, 1984.

Designer Master en design et scénographie urbaine à la Domus Academy de Milan, Italie, 1986. Activité de design en Italie, France, Japon: Memphis, Cassina, Sawaya & Moroni, Alessi, Arredaesse, Costantino, Il coccio, Pirelli (Italie), Xo, Doublet, Tarkett, Dior parfums, Daum, Thalès (France), Omron, Inter-Art (Japon). Auteur "Ecrits d'Alessandro Mendini " Les presse du Réel "

Cofondateur du mouvement bolidiste

Professeur à l'Ecole supérieur d'Art Moderne de Paris

Professeur à l'Ecole Européenne d'art de Bretagne à Rennes 

Roxane.

J’ai eu l’occasion de voir et de vivre des réalisations : intérieurs, « objets », « mobilier » et aussi de côtoyer l’esprit et la personne  qui ont généré ces présences : Roxane. Un des éléments qui apparaît  clairement dans les univers qu’elle pense et qu’elle concrétise est l’équilibre de la composition entre le langage classique et sa mise à jour dans le contexte contemporain. Il ne s’agit pas pour Roxane de citer ou de re-construire des climats et des environnements d’antan, mais d’intervenir hic et nunc en appliquant dans nos cadres de vie d’aujourd’hui la contemporanéité et l’immanence des valeurs du classique. Son attention et son regard prennent en compte la géométrie du nombre d’or, les références historiques qu’elle sélectionne avec un fil d’Ariane qui la guide : Cébès, les pythagoriciens, Socrate, Jean Moréas et le symbolisme ainsi que d’autres « voyages » dans l’esprit de cette nature. Concernant les matériaux, elle plonge dans une recherche de leurs qualités expressives en faisant interagir entre eux les matériaux anciens et ceux de la recherche technologique contemporaine. Son soin du détail et son attention à la mise en œuvre de ses concepts contribuent à atteindre un résultat de présence et pertinence dans nos objets et lieux de vie actuels, en faisant cohabiter les styles et en générant son style à elle à travers une expérimentation savante et libre au même temps. Il ne s’agit pas chez Roxane d’un travail que muséographique ou nostalgique ou faisant recours aux codes et symboles utiles à « rassurer » mais d’un travail d’interrogation et de recherche qui contribue à satisfaire nos questionnements d’hommes et de femmes qui habitent le territoire vaste de la contemporanéité. Un des objectifs de sa pensée et de son action me semble être celui de donner aux objets, au mobilier et aux espaces le rôle de générateurs de sens et d’habitabilité. Un autre aspect important, qui procède en parallèle, dans le travail de Roxane est l’atemporalité des éléments qu’elle détecte dans sa création : atemporalité et presque transcendance comme valeur  et comme sélection minutieuse des archétypes et des significats qui étaient, qui sont et qui seront pour nous des présences amicales et appuyées. Son approche est  morale, mais pas moraliste et elle contient une attitude à la sociabilité et aux échanges entre les cultures afin de détecter une « tierce rue » à parcourir et toujours une attention à se garder de la routine. Sa recherche esthétique et plastique va chercher chez le mystère, chez les tromperies, chez les soi-disant vérités, chez les environnements du luxe et chez ceux de la poésie et chez l’expression de la condition humaine dans plusieurs niveaux d’interprétation. L’équilibre entre les parties de ses objets, mobiliers et espaces est traité avec les outils classiques et avec les outils de l’expérimentation aussi : anamorphose, harmonie de la gamme de couleurs, composition créative de matériaux divers. Pendant ce jeu savant et aussi expérimental avec lequel elle compose les éléments entre eux, apparaissent toujours en parallèle des éléments de détournement, d’innovation plastique et sensorielle et de mystère qui nourrissent l’ensemble en complétant l’équilibre de base. Le résultat est éloquent et se situe dans le cadre de l’expérimentation contemporaine avec la finalité, naturelle et physiologique chez elle et non pas stratégique, de contribuer à créer les classiques du futur. J’aimerais ici signaler aussi son approche clairement féminine qui se positionne comme un hommage, comme une envie et comme une exigence naturelle de recoudre et de poursuivre le travail des femmes qui se sont confrontées dans le passé avec les arts décoratifs, l’art, le design et l’architecture. Une sorte de « passage du témoin » courtois et naturel qu’elle reçoit par ses « amies » et qu’elle s’engage à poursuivre et à compléter avec du respect et de la pertinence. Les « outils de vie » qu’elle conçoit sont orientés vers le savoir vivre en société, vers la courtoisie (dans le sens des cours seigneuriales de tout genre du passé et du présent), vers la bienséance, vers le bien être émotionnel et matériel.

Alan Grizot dit Alan

Antiquaire spécialisé dans le XXème siècle.

Il est connu pour être le pionnier dans la découverte d'artistes comme Jean Prouvé, Alexandre Henri Noll, Serge Mouille, Mathieu Matégot...

La vente " Le Regard d'Alan " du 6 octobre 1991 reste un ouvrage de référence pour les arts décoratifs du XXème siècle. 

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